vendredi 11 février 2011

C'était ?

En partant je vais m’ennuyer de :
La vie africaine en général;
La vie à Banfora plus particulièrement;
Ma vie d’ici plus précisément. `
Qu’est-ce que c’est ma vie ici ?
C’est me lever le matin et prendre une douche gelée en maudissant le temps frais qui devrait toujours être un temps chaud en Afrique (ça c’est ma tête endormie qui pense comme ça!).
Ou encore me lever en sueur et ne pas avoir dormi de la nuit en me disant «Merde, il fait ben trop chaud ici!».
C’est l’appel à la prière à 4h30 et la prière à 5h.
C’est revenir à la maison à 18h30 au son de la dernière prière de la journée.
C’est avoir le cœur qui bat à toute vitesse lorsque je vois Salifou se jeter sur moi quand j’arrive à la maison. C’est d’être si heureuse quand il me sert de toutes ses forces. C’est rire de lui quand il mange un bout de pain avec tant de bonheur, c’est être touchée quand il m’appelle par mon nom (Vélo), c’est vouloir le croquer quand il me tend ses petits bras pour que je le prenne dans mes bras, c’est être attendrie quand il s’endort sur moi et que je dois aller le reconduire à sa case, dans le noir.
C’est être contente de voir Delphine (notre femme de ménage) arriver avec des mangues séchées et son sourire brillant malgré la vie dure qu’elle a eue.
C’est m’énerver contre Son quand il écoute trop de musique évangélique et que ça m’empêche de me concentrer. C’est rire avec lui de tout ce qui nous différencie et qui fait qu’on s’apprécie.
C’est avoir des discussions sans fin sur la vie et la religion avec les amis et élèves d’Audrey.
C’est faire de la moto ou me laisser conduire en moto en profitant du paysage.
C’est avoir de la difficulté à respirer quand il y a trop de poussière.
C’est se moucher sans arrêt et ses crémer à n’en plus finir pour essayer de combattre l’Harmattan qui souffle si fort!
C’est manger du poulet braisé sur le bord de la route en sentant le vent chaud dans mes cheveux.
C’est aller à la piscine et avoir envie de se baigner parce qu’il fait beaucoup trop chaud. (vous savez… moi et la baignade!)
C’est d’être pognée dans la boue pendant la saison des pluies.
C’est dormir sous une moustiquaire et se réveiller en se demandant c’est quoi cette prison là… ah oui mon lit!
C’est toujours avoir un tas d’enfants sale, mais plein d’amour devant la maison.
C’est se dire «oh, lui, ça fait longtemps qu’il ne s’est pas lavé parce qu’il est suivi d’un nuage de mouches!»
C’est apprendre à être à l’aise dans les silences qui composent en grande partie les conversations ici!
C’est se faire demander un million de fois par jour comment ça va ? Et la famille ? Et le travail ?
C’est me réveiller au son des coqs, des ânes, des cochons et des enfants.
C’est avoir un tas d’immondice en face de la maison.
C’est voir les enfants jouer dans les immondices en feu. (On les brûle quand il y en a trop!)
C’est jaser avec nos gardiens… Dieudonné avant et Yaya ensuite.
C’est se faire demander de l’argent sans arrêt par la vieille veuve qui est notre voisine. On la fait manger à la place. C’est mieux.
C’est aller prendre une bière dans un maki et être les seules filles sur la piste de danse (qui est un environnement très masculin)!
C’est cueillir des mangues et des papayes dans notre manguier et notre papayer!
C’est se battre pour arriver à payer nos factures d’eau.
C’est aller passer du temps à la case de Fati et de sa famille. Là où on peut passer beaucoup de temps en silence à juste profiter de la vie.
C’est toujours avoir Ali dans les pattes et, malgré tous ses caprices, le trouver attachant.
C’est être frustrée contre Telmob (réseau téléphonique) parce qu’il est trop souvent engorgé.
C’est avoir une connexion Internet de merde.
C’est se faire crier TOUBABOU ou LA BLANCHE à tout bout de champ!
C’est aimer la nuit africaine et la trouver douce.
C’est trouver les tantis du travail drôles… Mais c’est aussi travailler sa patience lorsque tout va si lentement. C’est avoir des collègues trop caricaturaux donc très divertissants!
C’est avoir une moto qu’il faut toujours apporter chez le mécanicien parce qu’elle ne démarre plus ou qu’elle est tombée en panne dans la pente qui m’amène à la radio.
C’est aller dans les villages et être marquée, à chaque fois, par la dureté de la vie.
C’est avoir mal de voir toute cette souffrance.
C’est voir les femmes toutes en couleurs avec leurs paquets sur la tête.
C’est voir les femmes se faire tresser, natter ou poser des postiches!
C’est tripper à voir des sourires tous les jours sur tous les visages!
C’est se faire vendre un melon d’eau à 100FCFA et 3 mangues pour le même prix (460FCFA=1$)
C’est être toujours sale et poussiéreuse.
C’est passer des soirées entre amis à manger des brochettes et à se raconter des histoires.
C’est être avec les tantis et les collègues, c’est les trouver drôles, les faire rire…
C’est prendre des cours de danse au son des djembés et baras.
C’est avoir, tous les soirs, un fond de musique dans la rue à cause des nombreux mariages, baptêmes, décès, etc.
C’est se faire remorquer (quand on se fait donner un «lift»).
C’est avoir peur du sable en moto. Trop pas pratique le sable partout.
C’est avoir l’impression de rouler sur de la mélasse quand ils étendent des restes de canne à sucre à la place de l’eau parterre pour faire coller la poussière au sol!
C’est trouver que le couturier fait beaucoup trop confiance à sa mémoire pour les mensurations.
C’est trouver étrange que le rondpoint de Banfora s’appelle le rondpoint du paysan noir.
C’est croiser des dromadaires au feu de circulation.
C’est communiquer avec des gens qui ne te comprennent absolument pas.
C’est tripper sur les routes de terre… et les routes d’eau en saison pluvieuse!
C’est manger des mangues (séchées ou non), des avocats, du melon, de la papaye, du tho, des brochettes, du poulet bicyclette, du fonio, du riz gras, du riz sauce, de l’attiéké, de la sauce pâte d’arachides, des poids sucrés, des anacardes, des arachides, du foutou, c’est boire du bissap, du rhum arrangé, de la Brakina.
C’est être confrontée.
C’est vivre quelque chose que je n’aurais jamais cru possible de vivre et de s’y sentir si bien.
C’est m’être liée avec plein de gens qui feront pour toujours partie de moi!
C’est Fanta, Audrey, Fabrizio, Floriane, Romain, Salifou, Mohammed, Solo, Sonata, Awa, Aicha, Fati, Anissa, Mariam, Aziz, Ali, Yacouba, Hamadou, Gilbert, Dieudonné, Yaya, Sodré, Antoinette, Son, Ursule, Tanti Carama, Tanti Dao, Mme Héma, Olivia, Nema, …
C’est penser que je vais m’ennuyer en ta.
C’est avoir mal en pensant quitter tout ce monde que j’aime. Le monde dans lequel ils vivent. Ce monde, qui est devenu le mien, l’espace d’un moment.
C’est aimer.
C’est vivre.
C’est comprendre bien des choses!
C’est beaucoup. C’est beaucoup plus. Le plus que je garde pour moi parce qu’il fallait être là.
So this was Africa.

vendredi 4 février 2011

Chaud ou froid ?

La température fait des siennes ces temps-ci dans mon coin du monde.

Après un hiver aux nuits fraîches, la chaleur est revenue d’un coup. En une semaine, tout le monde suait à grosses goûtes. TRÈS grosses goûtes. Il faisait tellement chaud, que je n’ai pas dormi pendant 3 nuits. Me lever pendant la nuit pour me doucher, me lever aux heures pour aller mouiller la débarbouillette que je m’étendais dégoulinante sur le ventre, relever mon moustiquaire pour que le vent du ventilo se rende à moi, supplier mon corps de bien vouloir dormir… Ce n’est pas dans mes habitudes!!
C’était juste une vague de chaleur avant le temps… Du chaud trop chaud rapidement, de la pluie la nuit, alors que nous sommes en saison sèche, et maintenant, du froid trop froid depuis ce matin.

Changements climatiques… bouleversement des saisons c’est ça qui arrive. Dire que certains n’y croient pas encore! Je peux vous dire que les gens de Banfora n’y comprennent rien et trouvent ça inquiétant ces changements!

Au moins, j’aurai eu une pause sur l’épreuve matinale qu’est la douche quand elle est froide et qu’il fait 19!!