En partant je vais m’ennuyer de :
La vie africaine en général;
La vie à Banfora plus particulièrement;
Ma vie d’ici plus précisément. `
Qu’est-ce que c’est ma vie ici ?
C’est me lever le matin et prendre une douche gelée en maudissant le temps frais qui devrait toujours être un temps chaud en Afrique (ça c’est ma tête endormie qui pense comme ça!).
Ou encore me lever en sueur et ne pas avoir dormi de la nuit en me disant «Merde, il fait ben trop chaud ici!».
C’est l’appel à la prière à 4h30 et la prière à 5h.
C’est revenir à la maison à 18h30 au son de la dernière prière de la journée.
C’est avoir le cœur qui bat à toute vitesse lorsque je vois Salifou se jeter sur moi quand j’arrive à la maison. C’est d’être si heureuse quand il me sert de toutes ses forces. C’est rire de lui quand il mange un bout de pain avec tant de bonheur, c’est être touchée quand il m’appelle par mon nom (Vélo), c’est vouloir le croquer quand il me tend ses petits bras pour que je le prenne dans mes bras, c’est être attendrie quand il s’endort sur moi et que je dois aller le reconduire à sa case, dans le noir.
C’est être contente de voir Delphine (notre femme de ménage) arriver avec des mangues séchées et son sourire brillant malgré la vie dure qu’elle a eue.
C’est m’énerver contre Son quand il écoute trop de musique évangélique et que ça m’empêche de me concentrer. C’est rire avec lui de tout ce qui nous différencie et qui fait qu’on s’apprécie.
C’est avoir des discussions sans fin sur la vie et la religion avec les amis et élèves d’Audrey.
C’est faire de la moto ou me laisser conduire en moto en profitant du paysage.
C’est avoir de la difficulté à respirer quand il y a trop de poussière.
C’est se moucher sans arrêt et ses crémer à n’en plus finir pour essayer de combattre l’Harmattan qui souffle si fort!
C’est manger du poulet braisé sur le bord de la route en sentant le vent chaud dans mes cheveux.
C’est aller à la piscine et avoir envie de se baigner parce qu’il fait beaucoup trop chaud. (vous savez… moi et la baignade!)
C’est d’être pognée dans la boue pendant la saison des pluies.
C’est dormir sous une moustiquaire et se réveiller en se demandant c’est quoi cette prison là… ah oui mon lit!
C’est toujours avoir un tas d’enfants sale, mais plein d’amour devant la maison.
C’est se dire «oh, lui, ça fait longtemps qu’il ne s’est pas lavé parce qu’il est suivi d’un nuage de mouches!»
C’est apprendre à être à l’aise dans les silences qui composent en grande partie les conversations ici!
C’est se faire demander un million de fois par jour comment ça va ? Et la famille ? Et le travail ?
C’est me réveiller au son des coqs, des ânes, des cochons et des enfants.
C’est avoir un tas d’immondice en face de la maison.
C’est voir les enfants jouer dans les immondices en feu. (On les brûle quand il y en a trop!)
C’est jaser avec nos gardiens… Dieudonné avant et Yaya ensuite.
C’est se faire demander de l’argent sans arrêt par la vieille veuve qui est notre voisine. On la fait manger à la place. C’est mieux.
C’est aller prendre une bière dans un maki et être les seules filles sur la piste de danse (qui est un environnement très masculin)!
C’est cueillir des mangues et des papayes dans notre manguier et notre papayer!
C’est se battre pour arriver à payer nos factures d’eau.
C’est aller passer du temps à la case de Fati et de sa famille. Là où on peut passer beaucoup de temps en silence à juste profiter de la vie.
C’est toujours avoir Ali dans les pattes et, malgré tous ses caprices, le trouver attachant.
C’est être frustrée contre Telmob (réseau téléphonique) parce qu’il est trop souvent engorgé.
C’est avoir une connexion Internet de merde.
C’est se faire crier TOUBABOU ou LA BLANCHE à tout bout de champ!
C’est aimer la nuit africaine et la trouver douce.
C’est trouver les tantis du travail drôles… Mais c’est aussi travailler sa patience lorsque tout va si lentement. C’est avoir des collègues trop caricaturaux donc très divertissants!
C’est avoir une moto qu’il faut toujours apporter chez le mécanicien parce qu’elle ne démarre plus ou qu’elle est tombée en panne dans la pente qui m’amène à la radio.
C’est aller dans les villages et être marquée, à chaque fois, par la dureté de la vie.
C’est avoir mal de voir toute cette souffrance.
C’est voir les femmes toutes en couleurs avec leurs paquets sur la tête.
C’est voir les femmes se faire tresser, natter ou poser des postiches!
C’est tripper à voir des sourires tous les jours sur tous les visages!
C’est se faire vendre un melon d’eau à 100FCFA et 3 mangues pour le même prix (460FCFA=1$)
C’est être toujours sale et poussiéreuse.
C’est passer des soirées entre amis à manger des brochettes et à se raconter des histoires.
C’est être avec les tantis et les collègues, c’est les trouver drôles, les faire rire…
C’est prendre des cours de danse au son des djembés et baras.
C’est avoir, tous les soirs, un fond de musique dans la rue à cause des nombreux mariages, baptêmes, décès, etc.
C’est se faire remorquer (quand on se fait donner un «lift»).
C’est avoir peur du sable en moto. Trop pas pratique le sable partout.
C’est avoir l’impression de rouler sur de la mélasse quand ils étendent des restes de canne à sucre à la place de l’eau parterre pour faire coller la poussière au sol!
C’est trouver que le couturier fait beaucoup trop confiance à sa mémoire pour les mensurations.
C’est trouver étrange que le rondpoint de Banfora s’appelle le rondpoint du paysan noir.
C’est croiser des dromadaires au feu de circulation.
C’est communiquer avec des gens qui ne te comprennent absolument pas.
C’est tripper sur les routes de terre… et les routes d’eau en saison pluvieuse!
C’est manger des mangues (séchées ou non), des avocats, du melon, de la papaye, du tho, des brochettes, du poulet bicyclette, du fonio, du riz gras, du riz sauce, de l’attiéké, de la sauce pâte d’arachides, des poids sucrés, des anacardes, des arachides, du foutou, c’est boire du bissap, du rhum arrangé, de la Brakina.
C’est être confrontée.
C’est vivre quelque chose que je n’aurais jamais cru possible de vivre et de s’y sentir si bien.
C’est m’être liée avec plein de gens qui feront pour toujours partie de moi!
C’est Fanta, Audrey, Fabrizio, Floriane, Romain, Salifou, Mohammed, Solo, Sonata, Awa, Aicha, Fati, Anissa, Mariam, Aziz, Ali, Yacouba, Hamadou, Gilbert, Dieudonné, Yaya, Sodré, Antoinette, Son, Ursule, Tanti Carama, Tanti Dao, Mme Héma, Olivia, Nema, …
C’est penser que je vais m’ennuyer en ta.
C’est avoir mal en pensant quitter tout ce monde que j’aime. Le monde dans lequel ils vivent. Ce monde, qui est devenu le mien, l’espace d’un moment.
C’est aimer.
C’est vivre.
C’est comprendre bien des choses!
C’est beaucoup. C’est beaucoup plus. Le plus que je garde pour moi parce qu’il fallait être là.
So this was Africa.
Mes yeux au Burkina Faso
Me voilà au pays des hommes intègres... Je vous raconterai des petites histoires, vous parlerai des gens que je rencontre et vous ferai part de mes observations! Rien de compliqué ... juste ce qui attire mon oeil, ce qui me frappe, me fait de la peine ou me fait plaisir!
vendredi 11 février 2011
C'était ?
vendredi 4 février 2011
Chaud ou froid ?
Après un hiver aux nuits fraîches, la chaleur est revenue d’un coup. En une semaine, tout le monde suait à grosses goûtes. TRÈS grosses goûtes. Il faisait tellement chaud, que je n’ai pas dormi pendant 3 nuits. Me lever pendant la nuit pour me doucher, me lever aux heures pour aller mouiller la débarbouillette que je m’étendais dégoulinante sur le ventre, relever mon moustiquaire pour que le vent du ventilo se rende à moi, supplier mon corps de bien vouloir dormir… Ce n’est pas dans mes habitudes!!
Changements climatiques… bouleversement des saisons c’est ça qui arrive. Dire que certains n’y croient pas encore! Je peux vous dire que les gens de Banfora n’y comprennent rien et trouvent ça inquiétant ces changements!
Au moins, j’aurai eu une pause sur l’épreuve matinale qu’est la douche quand elle est froide et qu’il fait 19!!
mardi 18 janvier 2011
Cours de danse africaine!!!!
Deux heures et demie de danse, ça n’a pas de prix (sauf celui que demande le prof bien sûr :P). C’était TROP cool! C’est tellement «groundé», c’est tellement une histoire entre l’homme et la terre… pas comme le ballet ou le jazz où t’es souvent en train de sauter haut, loin, de te tenir droite, etc. Là c’est courbé, pas nécessairement droit, on se laisse être lourds et proche du sol, il faut sautiller comme des gazelles, mais retomber comme des hippopotames et se tenir comme des singes. C’est TROP GÉNIAL!
La danse qu’on a apprise en est une qui se danse au Burkina bien sûr, mais aussi au Mali, au Niger, dans le nord du Ghana et un peu en Côte d’Ivoire… Bref, des pays limitrophes! J’ai tellement aimé ça! La prochaine fois, le prof a dit qu’il allait venir avec des musiciens pour qu’on ait plus le «feeling», le vrai, de la danse. Audrey et moi étions tellement enthousiastes (parce qu’on est sorties danser ce soir-là et on n’arrêtait pas d’en parler) que Fanta et Floriane viendront avec nous au prochain cours… et même les gars! J’ai bien hâte de voir Romain et Fabrizio se faire aller au son des tambours! Beau trip de gang de faux Africains :)
Mais on est tous un peu (du moins) Africains dans notre cœur maintenant!
Une chance vous dites ? Oh que oui! HAHA!
lundi 10 janvier 2011
Geneviève en terre burkinabè
J’ai essayé de la faire faire le plus de choses possible dans le coin, mais… soyons réalistes, il n’y a pas grand-chose à faire par icitte ahah! Comme je le dis souvent, on vient rencontrer un peuple et non se promener de site touristique en site touristique!
Elle a rencontré mes amis et a pu être confrontée à un monde qu’elle ne connaissait pas et qui, je crois, lui a beaucoup plu! Le choc culturel lui a plutôt été agréable… D’ailleurs, en parlant de choc culturel, je me suis rendue compte que c’était un sujet très intéressant parce qu’il est vécu de tellement de manières que des fois, il est difficile de savoir comment on a vécu notre propre choc!! Trop de gens pensent qu’un choc est naturellement négatif ou évident! Juste pour votre information, c’est faux parce qu’il peut être très positif et très subtil! Il y en a tellement de manifestations qu’on peut s’y perdre… Mais ce sera un autre sujet de discussion!
Bref, ça a passé vite, ça a été chouette! Je suis bien contente de son passage.
Déclaration publique : Geneviève JE T’AIME PLEIN!... Pour de vrai là! :D
dimanche 9 janvier 2011
Un mariage burkinabè c’est …. Intense!
Le mariage avait lieu à Bobo! À bord d’un mini bus nous sommes donc tous montés pour se rendre dans la famille de la mariée. Arrivés sur place on a été saluer les gens avant de se faire assoir dans une cour pour manger le dîner (qui était siii délicieux!). La Présidente de l’association était là (ne pas oublier que chez Munyu, toutes les tantis sont des amies… c’est une grande famille et ça se voit particulièrement bien dans ce genre d’événement!) et venait toujours nous voir pour s’assurer que nous allions bien! Mais comment mal aller quand une fois rassasiées, les vieilles (elles s’entre appellent comme ça!) se mettent à danser et à défiler les robes qu’elles viennent d’enfiler pour l’occasion ?
Une fois tout le monde prêt, direction : la mairie. Il y avait tellement de monde qu’il y avait une centaine de personne à l’extérieur!!! La mairie, ça a été quand même rapide! Il n’y a pas eu trop d’énormités dites … le pire c’était, «Si vous avez un conflit, vous devez discuter et arriver à une entente, autrement, c’est l’homme qui décide.» (genre au pire, on peut tout de suite dire que c’est l’homme qui décide!)
Après, direction l’église… ! Où le prêtre était trop drôle! Il a dit ne jamais avoir assisté à un mariage qui regroupait autant de personnes de différentes classes sociales, ethnies et couleurs (du derrière de l’église, je lui ai envoyé la main avec un gros sourire plein de dents, il m’a renvoyé la main, tout le monde s’est tourné et s’est mis à rire! Génial!)
La messe était BEAUCOUP trop longue (3heures!)… ça incluait aussi le baptême de leur fils… mais quand même. AYOYE que c’était long. C’était spécial aussi parce que quand les fidèles doivent se lever pour «rendre gloire à Dieu», la moitié des gens restaient assis parce qu’ils étaient musulmans, animistes ou autres… Génial! Puis à la fin, LA danse, où tout le monde se met en file et tourne autour de l’église en frappant les mains et tout!! On s’est fait tirer là-dedans, c’était super chouette! Après, tous étaient en extase en chantant haut et fort, les mains en l’air que Dieu est grand et Dieu est bon! Son était en FEU! La joie explosait de partout! C’était magnifique comme moment! (oui oui, il y a plein de bons côtés à la foi :P)
Après : direction la réception… genre 150 personnes étaient dans la salle avec les mariés et l’autre centaine était assise dehors sur des chaises parce qu’il n’y avait pas assez de place à l’intérieur! Spécial.
C’était toute une expérience culturelle disons… et madame Carama était tellement contente de nous y voir! C’était cuuuuuuuuuute
Bref, pure fun… sauf entre la 2 et 3ème heure de messe. Là c’était comme… trop!
vendredi 7 janvier 2011
Le petit Jésus et son royaume des cieux!
Peu importe la religion, il faut croire. Tu ne crois pas à un dieu précis ? «Oh mon dieu, que Dieu t’éclaires pauvre perdue!»
J’écris là-dessus aujourd’hui parce que oui, la religion prend TELLEMENT de place ici, c’est hallucinant! … Si Dieu le veut ne peut pas être plus utilisé… je dirais même qu’il était déjà utilisé à outrance. C’est de l’abus des services de Dieu. Il est bien trop sollicité ici. Ça n’a pas d’allure!
Bref j’écris ça aujourd’hui pour une raison simple. J’y pense trop. À Dieu je veux dire. Pas parce qu’il m’a illuminée, mais parce que mon collègue de travail (Son) me rend agressive. Pourquoi ? Pas parce qu’il porte toujours des chandails du style «Maison évangélique du petit Jésus», «Regroupement du Tabernacle», «Le Royaume des cieux est une démonstration de sa puissance» , etc. Tsé, s’il veut mettre ses chandails, c’est ben correct! La partie moins le fun, c’est qu’il écoute en travaillant des chansons du genre «Jésus, tu es si grand, si bon, si puissant, tu es partout avec moi puisque tu es en moi… Tu es ma force et mon amour, tu es tout pour moi, je suis ton serviteur, je suis à toi.. Lalala!». Oui, c’est vrai, je pourrais lui offrir mes écouteurs, mais criss (et c’est le cas de le dire), il CHANTE par-dessus! PU CAPABLE!
La question de la religion c’est la question qui revient toujours. Ils sont si croyants ces Burkinabè c’en est effrayant. «Tu viens d’où ?» suivit de «Tu pratiques quelle religion ?».
Tout tourne autour de Dieu. C’est toujours si Dieu le veut et non pas si je le veux. Tout lui revient entre les mains. Notre ancien gardien passait ses soirées à lire la Bible, Son est aveuglé par son tit Jésus et ses concours évangéliques, mes collègues éparpillent des images saintes sur leurs murs et leurs bureaux.
Nous ne descendons pas du singe. (Franchement, je ne suis pas un animal et je ne peux pas descendre d’un animal aussi bête!)
Le monde a été créé en 7 jours. (Genre… au pire au peux tu en discuter ? Non... ah ok!)
Adam et Ève sont les parents de tous les humains. (Vive la consanguinité)
Il faut toujours demander pardon… (le problème c’est que pardonnés, ils recommencent!)
Nous sommes des pêcheurs. (Tout ce qui nous arrive est la conséquence de nos mauvaises actions… Dieu nous met en punition!) (Le pire c’est que les pires individus que j’ai rencontrés ici ce sont les plus croyants… ils pensent que parce qu’ils prient et se dévouent, ça efface tout le mauvais qu’ils dégagent et qu’ils trainent avec eux… mais en fait, ils ne se rendent pas compte de qui ils sont… trop perdus dans leur foi faut croire… on verra au Jugement dernier ce que DIEU leur dira face à une impie comme moi ahaha!)
Je vais devoir aller à une messe ça c’est certain, c’est inévitable! Je dois voir ça!
J’ai toujours cru que les religieux les plus ardents avaient besoin de croire en quelque chose, que ce qui les raccrochait à la vie, leur permettait de la trouver aussi belle, c’est de croire en Dieu. De savoir en quoi croire exactement. On dirait que ma pensée se précise ici en les voyant croire si fort et en expliquant leurs difficultés par un manque de prières et une foi jamais assez forte ou par un « Ça arrivera si Dieu le veut ». Ça leur donne quelque chose pour expliquer leur situation… en partie du moins! Si seulement ils pouvaient se donner plus de crédit et cesser d’avoir peur de ne pas être assez croyants et pas assez fidèles! Ils sont déjà si dévoués qu'il faudrait juste trouver un équilibre...
J’ai l’impression qu’au lieu d’être un encouragement et une aide, la religion ici est parfois un obstacle au développement au lieu d'être simplement une force qui guide l'homme pour être un meilleur être humain. Ce serait trop beau, mais trop simple! Je ne sais pas si j’ai tort ou raison, mais c’est ce que je ressens et remarque… Comment leur donner foi en eux-mêmes ?
« Petit Jésus, je suis ta brebis… dis-moi comment m’y prendre! »
mercredi 22 décembre 2010
C’est le temps des vacances…
Au programme : du plaisir, du plaisir et encore du plaisir!
Après ça, je ramasse Geneviève à l’aéroport et on revient à Banfora pour fêter la nouvelle année chez la présidente de l’Association où je travaille! Je me demande si on aura droit à une tête de chèvre cette fois-ci!... ou de mouton, pourquoi pas!
Bref, je profite de ce message pour vous souhaiter un JOYEUX NOËL et une EXCELLENTE ANNÉE!
(En 2011… je n’aurai plus Internet à la maison, juste accès au travail, alors … ben… c’est ça, je vous le dis :D)