mardi 23 novembre 2010

Travailler avec bébé sur le dos

Ça m’impressionne toujours de voir les femmes travailler et vaquer à leurs occupations quotidiennes avec un bébé accroché dans le dos. Cuisiner, vendre, porter des charges lourdes sur leur tête, faire du vélo, tirer une charrette, être au champ, etc. : rien n’est à leur épreuve!

C’est tout.

jeudi 18 novembre 2010

Nombrils africains

Je ne sais pas si c’est une infection fréquente chez nous, mais ici, une grande majorité des enfants a le nombril super enflé. Des fois c’est si enflé qu’on dirait qu’il va exploser! On m’a expliqué qu’il s’agissait d’une infection du nombril qui est traitable, mais que les gens ne traitent pas nécessairement puisque ce n’est pas douloureux.

Le traitement africain est tout de même intéressant! Il s’agit de faire des plaies autour du nombril pour ensuite y insérer un médicament fait à base de plantes. Ces préparations, une fois absorbées par le corps, font désenfler le tout! Règle générale, les cicatrices forment un soleil autour du nombril… mais certaines personnes en profitent pour faire un beau dessin et font plein de cercles et des formes! Ça doit être douloureux sur le coup bien sûr, mais le résultat peut-être très joli! Ce type de cicatrices ne changeant pas la couleur de la peau, on dirait vraiment juste une décoration!

Dans le moins décoratif, il y a la ligne sur la joue d’un enfant qui a «vu l’oiseau», c’est-à-dire un enfant qui a fait une crise d’épilepsie. On dit qu’il a été survolé par une sorte d’oiseau qui a provoqué la crise chez l’enfant. Pour le protéger, on lui fait une marque sur la joue qui est supposée le protéger contre ces oiseaux et leurs mauvais sorts.

Il y a vraiment beaucoup de genres de scarification par ici!! C’est intéressant de connaître leur origine… mais il y a tellement de raison que ça peut être difficile à suivre!

mercredi 17 novembre 2010

Tabaski

La tabaski, c’est LA fête des musulmans, c’est cette journée dans l’année (dont on décide la date en regardant la lune) où on tue des moutons, on les mange et on fête. Ceux qui n’ont pas les moyens de sacrifier une bête se la font offrir par les familles plus aisées ou préparent d’autres sortes de viandes.

Bref, durant la journée, vêtus de beaux habits, on va à la mosquée, on salue nos amis et notre famille en leur rendant visite, on prépare plein de bouffe à offrir à ceux qui viennent nous rendre visite puis on s’amuse!

Ma première Tabaski restera mémorable, mais pas dans le bon sens du terme! Victime d’une intoxication alimentaire au poisson, j’ai très mal dormi la nuit d’avant. Mal de cœur prononcé, j’ai tout de même essayé… Nous sommes allées dans la case de nos voisins qui fait partie d’une cours commune où habitent plusieurs des enfants qui viennent souvent à la maison! Les gens semblaient très contents de nous y accueillir! On a mangé du foie et du cœur de mouton tout en buvant du jus de gingembre! (C’est impoli de refuser, mais bordel que mon petit cœur a trouvé ça difficile!) Je pensais mourir de chaud et la nausée ne faisait qu’empirer! J’ai donc passé le reste de la journée couchée sur le plancher froid de notre salon à m’ennuyer de ma mère et à espérer que ça passe

Finalement, en fin de journée Ali et Yacouba sont venus nous dire bonjour! Ali a essayé de me guérir avec du jus de citron pis des petites prières tandis que Yacouba voulait me convaincre de prendre des médicaments.
Yacou étant venu à pied, j’ai envoyé notre gardien Dieudonné le reconduire. Après un bon deux heures, Dieudonné n’était toujours pas revenue! Il a fini par appeler pour nous expliquer qu’il a rencontré une connaissance en chemin, il y a eu bataille, il dit avoir essayé de séparer deux gars et par conséquent il s’est fait tabasser lui-même! La bouche enflée il est revenu à la maison en disant que le gars avait voulu lui casser les dents!

J’ai rien su du reste de la conversation parce qu’enfin, mon corps a décidé de me libérer en me demandant un face à face avec la toilette!

Dommage que j’aie trouvé cette journée interminable, alors que c’est LA journée de l’année des musulmans!
Mbou.

lundi 15 novembre 2010

Falsifions en cœur!

Saviez que falsifier des documents est une habitude ici ? Quelque chose de tout à fait normal et courant ?

Je m’en doutais lorsque j’ai vu le carnet de santé de Fati quand nous étions à l’hôpital. J’ai regardé ses informations parmi lesquelles figurait sa date de naissance. En voyant que ça lui donnait 21 ans et qu’elle m’avait dit en avoir 18, je lui ai demandé s’il n’y avait pas erreur. Elle m’a répondu que oui, mais qu’elle l’avait demandé. À l’adolescence, elle avait décidé de s’enrôler dans l’armée, mais n’ayant pas l’âge requis, elle était allée se faire faire une fausse carte d’identité. En fait, c’en est une vraie, mais pas avec les bonnes informations. C’est très facile à faire ici puisque personne n’effectue de vérification!

Pour notre projet qui vise à acquérir des biens utiles et durables pour l’association avec laquelle nous travaillons, nous devons, bien évidemment, ramasser les factures comme preuve. Le seul hic, c’est que le processus étant long, nous avions peur de ne pas pouvoir continuer nos activités prévues dans les délais (un logiciel que nous avons acheté étant nécessaire). Nous avons donc procédé à l’achat de 2 des outils que nous savions pertinents et dont le financement n’aurait pas pu être refusé. Après coup, on nous a annoncé que les dates sur les factures devaient être postérieures à la date d’approbation du projet (pas bête!). Autrement, le remboursement serait impossible. Moi paniquée je me dis «Mon dieu, comment est-ce qu’on a fait pour pas penser à ça avant, alors que c’est si logique!»… J’ai été angoissée 3 secondes, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’on me dise « Bien voyons, ce n’est pas grave, pas de souci, on va demander une fausse facture… C’est facile, on fait toujours ça ici!»

Ah. D’accord!

dimanche 14 novembre 2010

Mort-né

Pendant notre escapade au Pays Lobi (groupe ethnique qui a sa propre architecture et des coutumes caractéristiques) qui est dans la province de Poni, nous sommes arrêtés chez un féticheur.

Inutile de vous dire qu’il y avait des fétiches partout… fétiches qui lui permettent de jeter des «wacks» (sorts… mais lui n’en fait pas des négatifs) ou d’aider des gens à trouver des solutions à leurs problèmes. Il nous a fait visiter ses deux salles de fétiches où il rencontre les gens qui ont besoin de son aide. Ce sont des endroits très spéciaux, mystérieux et magiques. Comme les espaces sont assez restreints, nous n’avons pas pu rentrer tous en même temps.

D’ailleurs, j’ai fini par ne jamais voir la deuxième pièce. Les maisons lobi sont faites de terre, elles ont une pièce sur le toit qui sert de chambre au père de famille, et il n’y a pas de lumière. J’ai vu une seule fenêtre qui était en fait un trou dans le mur. C’est d’ailleurs à cause de ce jet lumineux que je ne suis pas entrée dans la salle des fétiches. En attendant dans le noir de pouvoir y rentrer, une femme est arrivée en courant et a tiré une porte en paille pour rentrer dans une pièce. Elle l’a mal refermée dans sa hâte. De là où j’étais placée, je voyais juste un trait de lumière qui tombait sur une flaque de sang sur le sol terreux. Quelques secondes plus tard, une main de femme y poussait, avec ses doigts, un petit corps mort pour voir s’il allait réagir. Il n’a pas bronché. Au début je me disais que peut-être qu’il était sorti par les fesses pis que la tête était encore prise… Je me disais qu’il allait se mettre à crier bientôt… mais ça n’est jamais arrivé. J’étais là à fixer comme une dinde, comme paralysée. Je trouvais ça esthétiquement beau à cause des couleurs, de la lumière, etc., et en même temps j’étais envahie de tristesse pour ce petit bébé. C’était indescriptible, mais en bout de ligne très malaisant. Dès que j’ai ressaisi mes esprits, je suis partie vers la porte de sortie prendre l’air et essayer de réaliser ce à quoi je venais d’assister!

Un peu plus tard, une femme est sortie avec le corps pour aller l’enterrer suivie de la mère qui elle est allée parler avec les autres femmes qui se trouvaient dehors. Après les quelques minutes de tristesse, on aurait dit que déjà la vie avait repris normalement.

Le féticheur expliquait que malgré la sensibilisation, les femmes continuaient de préférer venir accoucher chez lui avec sa femme accoucheuse plutôt que d’aller à l’hôpital. L’ennui, c’est que ce n’est pas hygiénique du tout et ils n’ont aucun moyen si l’accouchement tourne mal. Les habitudes sont ancrées dans les esprits et il est très difficile de les faire changer.

Ça a été tout un moment pour moi comme il n’y en aura probablement jamais d’autres.

Marquant.

Hier, les rues étaient en feu!

C’était un soir de gestion des déchets… Comme je l’avais écrit il y a quelque temps, les gens jettent leurs ordures dans la rue et créent ainsi des tas qui sont supposés être ramassés pour être envoyés au dépotoir. Toutefois, quand ils ne le sont pas, les gens les brûlent… et hier, notre rue était en feu! Pas stressés les parents que leurs jeunes enfants jouent avec ça… c’est normal!

Au moins ce sont des feux contrôlés contrairement aux feux de brousse! Il y a en avait plein l’avant-veille quand je suis revenue de Ouaga, ça brûlait à beaucoup d’endroits! Dire qu’on vient de sortir de la saison des pluies, que tout n’est pas encore ultra sec, mais que ça brûle déjà! Ouf!

vendredi 12 novembre 2010

Marques au visage

C’est un «maquillage permanent» qu’on leur impose lorsqu’ils sont enfants. C’est de la scarification.

Selon le groupe ethnique dont ils proviennent, les marques diffèrent et c’est cette scarification au visage qui les catégorise. Les adultes de plus de 40 ans en ont presque tous et plusieurs enfants aussi, mais surtout en milieu rural. Ça va de deux petites marques de chaque côté des yeux à des ronds autour du visage en passant par trois longs traits sur chaque joues. Il y en a de toutes les sortes! Là où je travaille, presque toutes les superviseurs et directrices en ont et au début, je trouvais ça difficile de les regarder dans les yeux car j’étais trop intriguée par leurs joues… mais tant mieux dans le fond parce que c’est impoli de tenir le regard de quelqu’un!

Fanta m’a dit qu’elle était très reconnaissante à ses parents de ne pas lui avoir infligé ça. Son grand père (qui est un mossi) a un trait sous l’œil qui fait comme un gros cerne avec une petite marque verticale sur l’os de la joue. Fanta est samo, mais elle ne sait même pas quel signe elle aurait eu. Elle ne veut pas le savoir car elle trouve que c’est barbare de défigurer les gens pour les différencier. Avant peut-être, maintenant ça ne sert plus à rien selon elle de catégoriser les gens puisqu’il n’y a plus de guerres de clans!

jeudi 4 novembre 2010

Souffrir pour être belle

Cet après-midi, Fanta se faisait coiffer.
Quand j’étais petite, mamie me le disait en me démêlant les cheveux : «Ma mère me disait toujours qu’il faut souffrir pour être belle». D’accord, peut-être, mais là sérieusement… Les filles (Fanta et Djenneba) se font faire des nattes et souffrent pendant des jours. C’est tellement tiré fort qu’elles ont mal à la tête, qu’elles se gavent de tylenols et ont juste envie de se coucher. Je ne sais pas comment elles font parce qu’en plus, il faut changer la coiffure à tous les deux ou trois semaines car ça ne tient plus. Aïe Aïe Aïe! Les vieilles dames n’ont plus cette coquetterie, elles se contentent de porter un foulard coloré sur la tête… Pas bête! Elles arrivent à être belles sans la souffrance!!

mercredi 3 novembre 2010

Un enfant ici, un enfant là-bas!

Après réflexion… On se dit qu’il se pourrait que la grand-maman de bébé Anissa ait préféré laisser sa petite fille mourir. Dans un pays où les enfants meurent régulièrement de maladies ou de malnutrition, l’attachement aux nouveau-nés n’est peut-être pas le même que nous avons dans nos sociétés occidentales.

Chez nous, on prévoit (même s’il y a parfois des erreurs ou de surprises) une naissance. On l’attend, on la désire. Ici, on la subit souvent par manque de moyens de contraception ou simplement par manque de connaissances sur ceux-ci…. Et un enfant mal partit dans la vie sera un enfant malade dont le corps ne pourra pas se battre contre les maladies et la malnutrition qui font partie de la réalité d’une grande majorité.

Peut-être que la grand-mère d’Anissa aurait préféré la laisser-aller par manque de moyens certainement, mais aussi car la réalité du terrain laisse croire que cet enfant aura de la difficulté à se développer normalement et à se battre contre les difficultés que représente son environnement.

Ouin.

mardi 2 novembre 2010

Bébé prend son bain!

Je pense qu’en ayant regardé des enfants se faire donner leur bain (incluant la petite Anissa donc TRÈS petite), je n’aurai plus jamais peur de casser un enfant en deux. Oui, c’est vrai, j’ai toujours été terrorisée par les petits bébés… peur de leur faire mal ou de les échapper. À voir les mamans prendre leurs bébés par le bras pour les secouer sans aucune délicatesse, ensuite par les pieds la tête en bas… les voir les savonner avec force et leur en mettre du savon plein les yeux, à les entendre souffler dans les oreilles et dans le nez pour enlever les gouttes d’eau restantes… je suis maintenant portée à croire qu’on fait peut-être trop attention chez nous… ça doit les fragiliser ahah!