dimanche 3 octobre 2010

En passant chez Ali

Je suis allée chez Ali, le petit bonhomme qui est devenu notre ami… Ce petit bout d’homme qui raconte toujours des histoires, qui ment souvent et qui essaie de nous convaincre qu’il dit la vérité en disant : ```Crois-moi! Je ne joue pas!``

Nous sommes allées saluer sa mère que nous n’avons finalement pas vue car elle était partie au moulin. Nous avons donc été accueillies par la première femme du père d’Ali (qui est décédé lorsqu’Ali était bébé) dans la maison qu’elle partage avec la mère d’Ali.

Cette femme avait l’air beaucoup plus vieux que son âge à cause de sa bouche édentée et de sa peau toute ridée. La vie dure. Elle a eu la vie dure. Avec elle, une ribambelle d’enfants tout couverts de terre, c’est-à-dire les enfants des deux mariages de son défunt mari et les enfants des voisins qui se sont précipités chez elle à notre arrivée.

Tous assis sous l’arbre autour duquel des cases ont été construites Fanta nous a servi de traductrice. Quelque chose mijotait sur le petit four à charbon, nous étions envahies de mouches et une jeune fille était allongée tout près de nous. Elle avait l’air si malade, toute maigre, avec des plaies sur les jambes, les joues creuses. Ça contrastait vraiment avec les enfants sales, mais rieurs et enjoués qui nous tournaient autour!

J’ai trouvé ça difficile parce que maintenant, je sais d’où vient Ali et je comprends encore plus son désir d’échapper à tout ça. Je comprends maintenant son plaisir à se servir un verre d’eau dans un robinet qui fait que l’eau ``vient toute seule``, je comprends son fun à parler et apprendre avec nous, je comprends sa chance d’aller à l’école et de se donner des outils qui lui donnent le droit d’avoir de l’espoir.

Mais je comprends aussi sa deuxième mère de craindre pour Ali lorsque les toubabous seront repartis.

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